Depuis les années 90, l’artiste Yves Belorgey peint des tableaux d’immeubles d’habitations modernes, des façades de grands ensembles sociaux situés en zone urbaine et périurbaine et construits dans les années 60/70. Invariablement, ses tableaux mesurent 2m40 sur 2m40. Il commence sa série en 1993, lors d’une résidence à Marseille, en peignant l’immeuble ou il a grandi enfant. Depuis, il parcourt les métropoles, de Marseille à Tokyo, en passant par Moscou, Mexico, Istanbul pour ramener des dessins et des peintures d’immeubles standardisés de banlieues. Dénués de narrations, les paysages urbains d’Yves Bélorgey sont représentés frontalement, sans personnages, afin de mettre concentrer la vision sur l’organisation sociale des architectures. Objectif et documentaire, le regard que porte Belorgey sur ces bâtiments collectifs exclue les préjugés sociaux dont ils sont généralement frappés.
Avant tout, ce qui attire le peintre dans ces barres d’immeubles, c’est un intérêt purement picturale, une fascination pour leurs motifs, leurs qualités plastiques et sculpturales. Ensuite, vient s’ajouter les dimensions sociales et universelles. En effet, malgré leur particularisme culturelle et régionale, les grands ensembles de logements, partout dans le monde, sont issus des mêmes problématiques de logement et répondent aux mêmes questions structurelles, financiers, etc.
Chez Yves Belorgey, la création de chaque oeuvre suit toujours le même procédé. L’artiste photographie de manière exhaustive son sujet afin de créer des photomontages – réunissant plusieurs points de vue – qu’il réinterpréte ensuite en peinture. Ainsi, bien que réalistes, ses tableaux répondent avant tout à des préoccupations picturales avec des choix, des partis pris et des “sacrifices” – selon les termes du peintre Goya.