Né dans le ville de Bischofsburg, en Pologne, Josef Schulz est un photographe qui vit et travaille à Düsseldorf en Allemagne.
Dans le passé, les frontières nationales servaient de séparations. Dans certains cas, leur objectif était de délimiter les systèmes politiques, juridiques, fiscaux et monétaires, dans d’autres cas, les différences linguistiques et culturelles. Les frontières étaient des lignes dessinées non seulement à travers les territoires, mais aussi à travers les esprits. Ainsi, tout ce qui était différent, incompréhensible ou irritant avait son propre espace physiquement délimité.
Dans l’Europe actuelle, les frontières intérieures ont perdu leur fonction politique et économique de démarcation. Mais comme les postes frontières sont beaucoup plus faciles à abolir que les barrières mentales, nous continuons à nous souvenir des anciennes frontières. (…) Pour beaucoup d’entre nous, l’élargissement géographique de l’UE et sa taille actuelle sont presque impossibles à appréhender. Il est difficile de prévoir les conséquences à long terme d’une unité fonctionnelle européenne liée à des différences culturelles et idéologiques.
Le thème de mon travail est celui des anciennes gares frontalières intra-européennes. En travaillant avec ces images, ce qui était principalement sujet à modification était l’arrière-plan. Les environnements ne sont plus reconnaissables. Les paysages frontaliers deviennent vagues et interchangeables. A travers la séquençage documentaire et la décontextualisation, les postes frontières sont réduits à un modèle. Les perceptions architecturales et les tendances contemporaines des différents pays deviennent apparentes. Les postes frontalières ressemblent à des gardiens perdus ou à des vestiges de la partition passée. Ils vous rappelleront ce qui n’a pas encore été réalisé et qu’un jour ils pourraient facilement retrouver leur ancienne fonction.
Mon intérêt pour ces lieux du passé est dû notamment à mon histoire personnelle. J’ai grandi en Pologne, un pays dont le territoire a été redéfini plusieurs fois au cours de son histoire. Les douaniers ont également disparu de nos frontières, et les postes frontaliers semblent tout à fait inoffensifs aujourd’hui – mais ils continueront à évoquer des images troublantes dans nos esprits pendant de nombreuses années.
Source : josefschulz.com