Les immeubles de la cité antique de Shibam

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Située au Yemen, sur la côte sud de la péninsule arabique, la ville de Shibam s’est construite entre deux montagnes au bord d’un vaste vallée inondable et isolée. Shibam constitue l’un des derniers témoignages vivant et intégral d’une société traditionnelle qui s’est adaptée à un mode de vie précaire dans un environnement où se pratique l’irrigation des terres agricoles par épandage des eaux de crue, la production de limon et l’utilisation de terre crue dans la construction.

Entourée d’un mur d’enceinte fortifié, la ville de Shibam est l’un des plus anciens exemples d’urbanisme vernaculaire fondé sur la construction en hauteur. En effet, la cité se caractérise par un tissus urbain très dense composé de nombreux bâtiments de briques de boue séchée qui s’élèvent sur plusieurs étages (de 5 à 8). La hauteur élevée des ses maisons ainsi que l’absence de fenêtre au niveau de la rue devait permettre à la population de se protéger des attaques extérieures. Située sur la route des marchands d’épices et d’encens qui franchissaient les hauts plateaux de l’Arabie méridionale, la ville a prospéré au point de redouter les attaques des autres habitants de la région.

Les murs en terre des maisons-tours doivent être replâtrés de temps en temps à cause de l’érosion due au vent et à la pluie. Afin de réduire la pression exercée sur les étages inférieurs et de rendre la construction solide et stable, les murs des étages supérieurs sont progressivement moins epais et les briques plus petites.

Chaque bâtiment est occupé par une famille qui utilise le troisième étage comme lieu de résidence.  Les 1er et deuxième étages servent souvent de lieu de stockage pour la nourriture et d’étable pour le bétail. Les habitants gardaient les bestiaux à l’intérieur des maisons pour continuer à vivre en cas d’attaque. Des couloirs suspendus relient les bâtiments entre eux et offrent aux habitants une voie rapide pour passer d’un endroit à l’autre.

Depuis les siècles, la ville  n’a pratiquement pas subi de transformations, de dégradations et a conservé son mode de vie traditionnel. A ce titre, Shibam atteste de l’identité culturelle des populations du wadi Hadramaout. Son architecture vernaculaire, son tissus urbain fonctionnel, ses matériaux et techniques de construction, sont une expression rare de la culture arabe et musulmane traditionnelle que menace dangereusement les bouleversements sociaux et économiques..