Niché au cœur des paysages montagneux des Grisons en Suisse, dans le village de Giornico, le musée La Congiunta a été conçu en 1992 par l’architecte Peter Märkli pour abriter les sculptures de l’artiste suisse Hans Josephsohn.
Cette réalisation architecturale est le fruit d’une vision partagée, visant à créer un espace qui transcende la fonction traditionnelle d’un musée pour devenir une expérience immersive. Le bâtiment, réalisé en béton brut, s’inscrit avec force et délicatesse dans le paysage alpin environnant, offrant une toile de fond austère mais poétique aux sculptures semi-abstraites de Josephsohn.
L’espace intérieur du musée, d’une sobriété presque céleste, est pensé pour engager un dialogue continu entre les visiteurs, les sculptures et l’architecture environnante. La lumière naturelle, soigneusement orchestrée à travers de petites fenêtres, joue avec les textures et les contours des sculptures, enveloppant chaque œuvre dans une aura de mystère et de contemplation.
L’implantation de La Congiunta dans le décor naturel des Grisons est une réflexion profonde sur l’union entre l’art et la nature. Le béton, robuste et intemporel, permet au bâtiment de s’intégrer délicatement à son environnement, créant un pont visuel et émotionnel entre l’œuvre de l’homme et le sublime naturel, dans une démarche qui respecte et valorise la beauté intrinsèque du site.
La Congiunta se distingue des musées traditionnels par son absence total de didactisme. Il n’y a ni gardiens, ni guides, ni documents explicatifs, ni parcours imposé, laissant les visiteurs libres d’explorer l’espace et les œuvres à leur propre rythme. Cette expérience de visite, où l’espace architectural et les sculptures entrent en résonance, offre une méditation sur la permanence et l’éphémère, sur la matérialité et la spiritualité.
Plus qu’un simple musée, La Congiunta est une ode à la réflexion et à l’harmonie, un lieu où l’architecture et la sculpture se rencontrent pour engendrer une expérience esthétique profonde.
Hans Josephsohn
Né en 1920 à Kaliningrad et décédé en 2012 à Zurich, le sculpteur Hans Josephsohn a poursuivi une quête inlassable pour capturer l’essence de la condition humaine à travers ses sculptures.
Josephsohn arrive en Suisse en 1938, fuyant les persécutions nazies. Il s’installe à Zurich, où il commence sa formation en sculpture dans l’atelier d’Otto Müller. Dans ces premières années, il expérimente avec divers matériaux et techniques, mais c’est dans le plâtre et plus tard le bronze qu’il trouve ses moyens d’expression privilégiés.
L’Œuvre de Josephsohn
L’œuvre de Josephsohn se caractérise par son exploration continue de la forme humaine, oscillant entre figuration et abstraction. Ses sculptures, souvent de grandes figures semi-abstraites ou des bustes, expriment une présence physique puissante et une vulnérabilité émotionnelle. Josephsohn cherchait à saisir non seulement l’apparence extérieure de ses sujets mais aussi leur essence intérieure, leur poids émotionnel et leur expérience vécue.
Ce qui distingue Josephsohn de ses contemporains est son approche unique de la sculpture. Il travaillait le plâtre avec une intensité et une spontanéité qui permettaient à l’œuvre de capturer le mouvement et l’émotion, qualités ensuite transposées dans le bronze. Cette méthode de travail, à la fois directe et intime, confère à ses sculptures une texture distinctive et une présence presque tangible.
Bien que la reconnaissance internationale pour l’œuvre de Josephsohn soit venue tardivement dans sa carrière, son influence sur l’art contemporain est indéniable. Ses sculptures ont été exposées dans de nombreux musées et galeries à travers le monde, et son travail a inspiré de nouvelles générations d’artistes.