Les Nymphéas de Claude Monet à l’Orangerie

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Claude Monet est une figure majeure du mouvement impressionniste. Les instants de lumière constituent le sujet central de ses tableaux. Né le 14 novembre en 1840 à Paris, il grandit Normandie où sa famille déménage vers 1845. Très tôt, il porte un regard critique sur la peinture académique. Il se passionne pour les phénomènes optiques liés la lumière et les ambiances créées en fonction des moments. Pour capter les moments fugaces en peinture, il découvre de nouveaux procédés comme l’exécution rapide. Dans ses nombreuses séries comme « Le parlement », « Les Meules », « La Cathédrale de Rouen », Monet répète les mêmes sujets à plusieurs moments de la journée et de l’année afin d’illustrer les différentes ambiances provoquées par les variations de lumière : Meules, milieu du jour / Meules, soleil couchant / Meules, effet de neige, temps couvert. Sur ses toiles, la lumière disparaît et réapparaît comme un phénomène naturel.

Claude Monet au milieu de son jardin à Giverny

Claude Monet dans son atelier

Il réalise la plupart de ses oeuvres à Giverny où il commence à vivre en 1883 jusqu’à sa mort en 1926. Ici Monet commence la fameuse série « Nymphéas » en 1897 qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa carrière. À partir de 1914 Monet change l’échelle de ses tableaux. Les tableaux s’assemblent pour créer de grandes compositions, certains d’entre eux mesurant deux mètres de haut sur quatre à six mètres de large. Monet développe très tôt ses réflexions sur la spatialité, l’importance de la manière de percevoir ses tableaux, ce qui était rare chez les peintres de l’époque. Il imagine le concept de ‘Grande Décoration’. Quand il commence à dessiner la série des Nymphéas, il réfléchit à l’espace qui contiendra ses tableaux. Quand on regarde une oeuvre d’art, on se met en face du tableau pour regarder à l’intérieur de son cadre. Mais les Nymphéas de Monet, du fait de leur dimension très longue et de leur traitement pictural, obligent le spectateur à se déplacer devant le tableau : de proche les touches de pinceaux font l’abstraction des vibrations d’eau et de la lumière fugace, de loin on aperçoit les Nymphéas. Les spectateurs sont immergés dans ses peintures.

 

Le Musée de l’Orangerie

« Deux grands salons ovales, courant dans le sens de la Zine, deux lacs, deux anneaux ingénieusement enchaînés l’un à l’autre et que précède un vestibule, ovale aussi, mais plus petit et d’orientation différente ; rien que des courbes, des ellipses que répète en sourdine le dessin du pavage ; des surfaces nues, presque sans moulures, faites seulement pour supporter l’aquatique décor… » Louis Gillet, 1927

Le musée de l’Orangerie de Paris est construit en 1852 sur la terrasse du jardin Tuileries au bord de la Seine. C’est l’architecte Firmin Bourgeois qui commence sa construction, qu’achève son successeur Louis Visconti. Au départ, il est construit pour abriter les orangers à Paris. Le bâtiment, en forme de parallélépipède dispose d’une verrière sur toute la longueur de la façade et au sud par nécessité de lumière. Ce n’est qu’en 1921, après avoir été utilisé comme dépôt de matériels, que sa transformation en musée est décidée. Voisinant le Jeu de Paume, un autre bâtiment jumeau, l’Orangerie devient l’annexe du musée du Luxembourg.

Le bâtiment a été réaménagé pour abriter les tableaux ‘Nymphéas’ (1912-1926) que Claude Monet a offerts à l’État en 1922. La rénovation des salles a été confiée à l’architecte Camille Lefèvre pour accueillir ses tableaux, qui propose de mettre successivement deux salles de forme ovale. Un espace unique pour accrocher la série Nymphéas tout en gardant sa continuité. Au départ, Monet refuse cette proposition, car pour lui, une salle ronde ressemblait trop à une salle de cirque. Au même moment, le concept architectural évolue et fait passer de la forme circulaire à la forme ovale puis à une double ellipse qui signifie l’infini. Monet finit par accepter la proposition. Ces tableaux sont appelés ‘Grande Décoration’ du fait de leur format qui dépasse la taille conventionnelle. L’intention première de Monet concernant l’installation des tableaux Nymphéas est liée avec l’idée de créer un panorama, l’illusion d’une continuité.

La décision d’installer les Nymphéas à l’Orangerie conduit Monet à approfondir ses réflexions sur les espaces idéaux pour apprécier ses tableaux. Monet envoie d’abord les plans qu’il a imaginé, ensuite Lefèvre dessine le plan définitif. L’ensemble des tableaux de Monet occupe la moitié est de l’Orangerie.

L’Orangerie est ensuite transformée et restructurée entre 2000 et 2006. Les travaux sont dessinés par le directeur du musée, Pierre Georgel et réalisés par l’architecte Olivier Brochet. L’accueil du musée est baigné par la lumière naturelle, le circuit de la visite devient plus clair. L’architecte dévoile ici ses structures, longtemps occultées, permettant de recevoir la lumière naturelle. À l’Orangerie les tableaux de Nymphéas occupent une grande partie du musée, ils sont installés dans les deux salles en forme ovale. Comme autrefois le système de vélums en forme ovale filtre la lumière de jour.

Les Nymphéas de Claude Monet inspireront la création du Chichu Art Museum sur l’Île de Naoshima.