À l’instar de la photographie et de l’architecture, la typographie vernaculaire désigne la typographie sans typographe. Elle regroupe les écritures imprimées, dessinées, gravées qui obéissent à une tradition graphique populaire dont le but est d’informer, diriger, marquer, distraire, etc. Propres à un lieu, à une région donnée, les écritures vernaculaires en deviennent un symbole graphique. On la retrouve notamment sur les enseignes, signalétiques et panneaux. Elle n’est pas forcément dénuée de qualité – au contraire elle démontre le savoir-faire et la dextérité de la personne qui l’exécute – mais elle est le simple vecteur transparent et passif de l’information. On retrouve une forte tradition de lettrage et d’enseignes faites à la main dans de nombreux pays.
Né en 1938 à Détroit, Edward Fella est un designer graphique américain qui va consacrer une partie de sa vie à la typographie vernaculaire. Comme nombre de créateurs avant l’avènement du numérique, Ed Fella collectionne beaucoup de visuels, affiches, dépliants, flyers, publicités. Le polaroid est pour lui un outil qu’il utilise pour enregistrer le vocabulaire alphabétique urbain et commercial : il capture des enseignes, affiches, pancartes, néons…
Le livre « Letters on America » regroupe une centaine de ses polaroïds et constitue, au même titre que le travail du photographe Walker Evans, un portrait du vernaculaire américain.