Bunker archéologie est un ouvrage publié en 1975 par Paul Virilio, architecte, urbaniste et essayiste. Il y parle des bunkers, architectures monolithiques militaires édifiées sur les côtes maritimes dans le but de prévenir les attaques ennemis durant la guerre.
Extrait :
L’une des caractéristiques essentielles du Bunker est que c’est l’une des rares architectures modernes monolithiques. Alors que la plupart des bâtiments sont remblayés sur le terrain par leurs fondations, le bunker est dépourvu de tout, en dehors de son centre de gravité, ce qui lui permet de mieux encaisser les chocs quand le sol environnant subit l’impact de projectiles. C’est la raison pour laquelle nous découvrons souvent des constructions retournées ou renversées sans qu’ils aient de sérieux dommages. Cette homogénéité, ce caractère monolitique témoigne de plusieurs facteurs de la guerre moderne. Depuis l’armement de l’aviation et surtout depuis l’arrivée de l’artillerie, la guerre a non seulement créé un paysage par des constructions de défense, par l’organisation de fronts et de frontières, mais elle rivalise avec succés avec les forces naturelles ; armes à feu, explosifs, écrans de fumée et gaz ont contribué à la création d’un climat artificiel réservé aux champs de bataille, ou plus précisement au moment du combat. Cette découverte elle-même mérite d’être étudiée de près, car elle est à l’origine de ce que nous sommes maintenant, par seulement par l’utilisation prolongée de ce que nous appelons pollution, saturation et déséquilibre biologique. L’art de la guerre vise à constitution d’un lieu malsain, impropre à l’homme, là où il avait l’habitude d’habiter, d’abord par la pluie de flèches et de lances sur l’adversaire, puis par l’impact des lourdes pierres catapultées et des coulées de matériaux brulant versées sur les assaillants. Mais en dehors des ravages des incendies sur les immenses étendues de forêts et des villes conquises, la comparaison avec les forces atmosphériques était faible jusqu’au développement des canons qui a permis un début de saturation de l’espace par le tir de munitions.
« La forteresse avait ainsi une valeur psychologique considérable, elle tendait à unir l’occupant et l’occupé dans la crainte du déferlement, elle donnait une unité, une identité à ce qui n’en possédait pas. »
Nobécourt