Figure majeure de la photographie américaine du 20e siècle, Walker Evans n’a eu de cesse d’explorer les marges de l’Amérique, de photographier les détails du quotidien dans leur banalité. Né en 1903, il commence la photographie en 1930, juste après le krach boursier qui précipitera les États-Unis dans la Grande Crise. Pendant cette époque de dépression, il va à la rencontre des laissés pour compte (dockers, mineurs, métayers, agriculteurs, éleveurs, etc.) dans l’Amérique rurale dont il brosse le portrait sans pathos, mais avec humanisme. Avec un profond souci d’authenticité et de simplicité, il photographie des familles, des hommes et des femmes, le visage marqué, fatigué devant leur maison. Ce qui l’intéresse, c’est la culture vernaculaire, toutes les formes d’expression populaires employées à des fins utilitaires qui finissent par dessiner une culture spécifiquement américaine. Ce sont tous les petits détails de l’environnement quotidien, les objets utilitaires et locaux. Trouvant son inspiration dans la rue, sur le bord des routes et dans le métro, il capture avec son appareil photo les devantures de magasin, les baraquements, les enseignes commerciales, les signes typographiques et les visages de gens “ordinaires”.
En plus d’être son thême de prédilection, Walker Evans emprunte au vernaculaire, son mode opératoire. Loin des canons de l’époque, ses photographies sont neutres, systématique et dépourvue d’effet. D’ailleurs, son approche documentaire et frontale influencera profondément toute une génération de photographes. Sa tendance à l’archivage et l’inventaire évoque notamment le couple de photographes allemand Bernd et Hilla Becher.